Le secteur du transport en commun en Haïti s’enfonce davantage dans la crise. Depuis la prise totale de la ville de Mirebalais par des gangs armés, le 31 mars dernier, la route nationale #3 est complètement paralysée, aggravant une situation déjà critique pour les compagnies de transport et les usagers.
Les compagnies desservant l’axe Port-au-Prince – Grand Nord, telles que Grand Nord, HaitiTrans, Rotation ou SOS Transport, ont suspendu toutes leurs activités depuis deux semaines. Cette décision découle du climat d’extrême tension régnant à Mirebalais, désormais sous le contrôle de groupes armés, rendant tout déplacement par cet itinéraire trop dangereux.
« C’est un coup dur pour les chauffeurs et les propriétaires de véhicules de transport en commun assurant la liaison avec le Nord », déplore Manice Deplat, président de SOS Transport. Il rappelle que la route nationale #3, bien qu’en partie déjà sous l’emprise de gangs imposant des péages illégaux, constituait la dernière alternative viable depuis le blocage de la nationale #1.
Désormais, les rares chauffeurs encore désireux de rejoindre le Nord, notamment le Cap-Haïtien, sont contraints d’emprunter un itinéraire détourné et périlleux passant par Jean Denis, Marchand Dessalines, Saint-Michel et Saint-Raphaël. Un trajet semé d’embûches, où les mauvaises conditions routières compliquent lourdement la circulation des véhicules de transport public.
L’insécurité grandissante vient aggraver une situation déjà précaire. Barrages, attaques armées, enlèvements et incendies de véhicules sont devenus monnaie courante. Le président de l’Association des Propriétaires et Chauffeurs d’Haïti (APCH), Méhu Changeux, tire la sonnette d’alarme : près de 570 véhicules de transport ont été incendiés, et plus d’une centaine de chauffeurs et passagers tués, blessés ou enlevés, selon un bilan récemment communiqué.
Face à cette crise sans précédent, les acteurs du secteur appellent les autorités à intervenir de toute urgence. L’avenir de milliers de familles dépendantes du transport en commun reste suspendu à une amélioration de la situation sécuritaire et à la réouverture des axes routiers stratégiques.