Le Réseau haïtien des journalistes anti-corruption (RHAJAC) a adressé une lettre officielle à l’Unité de lutte contre la corruption (ULCC) pour dénoncer des actes de corruption impliquant le directeur de l’Immigration et de l’Émigration (DIE), Jean Antoine Simon Fénelon. Le RHAJAC réclame l’ouverture d’une enquête, invoquant des pratiques contraires à la loi du 12 mars 2014 sur la prévention et la répression de la corruption en Haïti.
Selon le RHAJAC, le directeur exerce des pressions sur les coordonnateurs des centres de livraison de passeports afin qu’ils lui remettent, chaque semaine, les frais collectés en espèces, plutôt que de les déposer sur le compte bancaire de l’institution. « Ces fonds, représentant plusieurs millions de gourdes par semaine, sont remis au directeur par personne interposée », précise la lettre. De plus, les coordonnateurs qui refusent de se plier à cette exigence sont menacés de transfert disciplinaire.
Le RHAJAC accuse également Jean Antoine Simon Fénelon d’être le propriétaire de l’agence privée « Ave Maria », spécialisée dans les demandes de passeports. « Les demandes effectuées en dehors de son agence sont systématiquement retardées, tandis que celles traitées par “Ave Maria” peuvent être livrées le jour même, en fonction du montant payé par le demandeur », dénonce l’organisation. Cette situation alarmante soulève de sérieuses interrogations sur l’équité et la transparence du processus de délivrance des passeports en Haïti.
Face à ces révélations, le RHAJAC appelle l’ULCC à intervenir rapidement pour préserver l’intégrité de la DIE et restaurer la confiance des citoyens. « Nous demandons au directeur général de l’ULCC de diligenter une enquête afin de mettre un terme au clientélisme à la DIE et d’engager des poursuites contre le directeur pour corruption », insiste Djovany Michel, secrétaire général du RHAJAC. Cette demande d’enquête a également été transmise à la Primature pour information.
Cette affaire, qui met en lumière les défis persistants de la lutte contre la corruption en Haïti, pourrait avoir des répercussions majeures sur la gestion des institutions publiques. L’ULCC, désormais saisie du dossier, devra déterminer la véracité des accusations et engager les actions nécessaires pour rétablir la légalité au sein de la Direction de l’Immigration et de l’Émigration.