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Les transferts privés, bouée de sauvetage de l’économie haïtienne

Alors qu’Haïti traverse une crise multidimensionnelle marquée par l’insécurité croissante, des tensions sociales et un ralentissement économique, les transferts privés, notamment ceux de la diaspora, ont franchi un cap historique au premier trimestre de l’exercice 2024-2025. Selon la Banque de la République d’Haïti (BRH), ces flux ont dépassé 1,09 milliard de dollars entre octobre et décembre 2024, enregistrant une hausse de 12,3 % par rapport à 2023. Un record qui souligne leur rôle clé dans la survie des ménages et la stabilisation macroéconomique.

Dans un pays où 60 % de la population vit sous le seuil de pauvreté, ces fonds envoyés par la diaspora constituent une bouffée d’air frais pour des milliers de familles. Ils soutiennent non seulement le pouvoir d’achat, mais aussi l’activité économique locale, compensant partiellement l’aggravation du déficit commercial (–4 % sur un an, à 980,94 millions de dollars), tiré par la chute des exportations (–13,6 %).

Les transferts ont également joué un rôle stabilisateur sur le marché des changes : l’afflux de devises a maintenu le taux de change à 130,3313 gourdes pour 1 USD fin décembre 2024, évitant une dépréciation accrue de la monnaie locale.

Des finances publiques en demi-teinte

Si les recettes fiscales ont progressé de 14 % (atteignant 101,58 milliards de gourdes), malgré les perturbations administratives, les dépenses publiques ont bondi de 30,5 %, reflétant les pressions accrues sur le budget de l’État. Néanmoins, une gestion plus stricte a permis au Trésor public de dégager un excédent, utilisé pour rembourser 3,62 milliards de gourdes à la BRH – une avancée vers l’objectif de financement monétaire zéro exigé par le FMI.

Cependant, l’embellie trimestrielle pourrait être de courte durée. La recrudescence des violences armées à Port-au-Prince, couplée à des grèves récurrentes, menace directement : les recettes fiscales (perturbation des collectes), les transferts privés (risque de baisse si l’insécurité décourage les envois) et la reprise économique (blocage des échanges commerciaux).

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