Dans une interview accordée à l’Associated Press à Rome, le 25 janvier, après une rencontre avec le pape François au Vatican, le président du Conseil présidentiel de transition (CPT) d’Haïti, Leslie Voltaire, a exprimé des préoccupations majeures concernant les politiques de l’administration Trump. Selon lui, les décisions récentes du gouvernement américain, telles que la suspension de l’aide humanitaire, l’expulsion des migrants et la fermeture des portes aux réfugiés, auront des conséquences « catastrophiques » pour Haïti.
Voltaire a souligné sa détermination à chercher de l’aide partout, sans distinction, pour sortir Haïti de sa crise actuelle. « Je frappe aux portes de ceux qui aiment Haïti. Le pape, par exemple, est profondément engagé pour nous aider », a-t-il affirmé.
La situation en Haïti est dramatique, avec plus de 5.000 morts liés à la violence des gangs en 2024, selon les dernières estimations des Nations unies. La moitié de la population est déjà confrontée à la faim, et Voltaire redoute que la perte de l’aide humanitaire n’aggrave encore cette situation désastreuse. « Le retrait de l’aide ne fera qu’empirer les choses », a-t-il averti.
« Trump a dit qu’Haïti était un ‘trou à merde’, donc je ne pense pas qu’il se soucie d’Haïti », a-t-il ajouté, rappelant les propos de Donald Trump lors de sa première administration (2016-2020) qui avaient choqué l’opinion publique. Voltaire a précisé que des milliers de citoyens haïtiens sont déjà renvoyés chaque semaine de la République dominicaine, alors que des gangs terrorisent la population. La nouvelle politique des États-Unis, selon lui, rendrait la situation encore plus catastrophique.
Actuellement, environ 1,5 million d’Haïtiens vivent aux États-Unis, dont 150.000 bénéficient du programme de Statut de Protection temporaire (TPS). « Trump veut les expulser tous », a déploré Voltaire, soulignant qu’Haïti, déjà en proie à une grave crise interne, ne pourra pas faire face à l’arrivée massive de ces déportés.
L’Organisation internationale pour les migrations (OIM) a récemment révélé que le nombre de déplacés internes en Haïti a triplé en 2024, dépassant le million de personnes, en grande partie à cause de la violence des gangs. Ce chiffre record représente une pression supplémentaire sur un pays déjà à bout de souffle. Selon l’OIM, la violence des gangs a mené à l’effondrement des services de santé et exacerbé la crise alimentaire.
Près de 200.000 Haïtiens ont été renvoyés de force au cours de l’année écoulée, principalement depuis la République dominicaine, aggravant ainsi une situation déjà désastreuse pour le pays.