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Depuis l’incendie de la Chapelle royale de Milot en avril 2020, suivi par la destruction du Ranch Le Montcel à Kenscoff en avril 2025, puis l’embrasement de l’Hôtel Oloffson en juillet, la menace qui pèse sur le patrimoine historique haïtien n’a jamais été aussi tangible. Face à ces pertes successives, l’Institut de Sauvegarde du Patrimoine National (ISPAN) est plus que jamais interpellé. Pourtant, à ce jour, aucune action concrète n’est engagée pour protéger ces trésors ni prévenir de nouvelles pertes.

Port-au-Prince, le 11 juillet 2025 –
Dans la nuit du 12 au 13 avril 2020, la Chapelle royale de Milot, classée patrimoine mondial de l’UNESCO, a été partiellement détruite par un incendie d’origine toujours inconnue. Le directeur de l’ISPAN, Patrick Durandis, avait alors indiqué que le feu avait pris naissance dans un bâtiment annexe vers trois heures du matin, écartant la thèse du court-circuit en raison de l’absence d’électricité dans la zone. Toutefois, aucune cause précise n’a pu être déterminée. Ce drame, qui avait bouleversé la communauté patrimoniale, n’a débouché sur aucune mesure de réhabilitation ni de protection renforcée.
Cinq ans plus tard, en avril 2025, le Ranch Le Montcel, à Kenscoff, a été à son tour ravagé par les flammes dans un contexte de violences armées. Ce site emblématique, apprécié pour sa valeur culturelle, touristique et écologique, a été incendié lors d’une offensive menée par la coalition Viv Ansanm, le dimanche 6 avril. Malgré l’importance du lieu dans l’histoire nationale, aucune prise de position officielle de l’ISPAN n’a été émise.
Quelques mois après, dans la nuit du 6 juillet 2025, c’est l’Hôtel Oloffson – symbole vivant de la culture haïtienne – qui est réduit en cendres. L’attaque, attribuée elle aussi à Viv Ansanm, a choqué l’opinion publique. Pourtant, là encore, aucun communiqué, aucune déclaration, aucune réaction de la part de l’ISPAN. Le silence de l’institution est d’autant plus troublant que l’Oloffson figurait parmi les derniers témoins debout de l’histoire architecturale de Port-au-Prince.
Certes, l’ISPAN opère dans un contexte de crise multidimensionnelle. Mais ce contexte, aussi difficile soit-il, ne saurait justifier l’absence d’initiatives, ni même d’une simple prise de parole. Ni après Milot, ni après Le Montcel, ni après l’anéantissement de l’Oloffson, aucun plan de sauvegarde n’a été rendu public.
Le patrimoine, pourtant, ne saurait être relégué au second plan. Il incarne l’histoire, l’identité, les racines d’un peuple. Sa destruction accélère l’érosion de la mémoire collective et appauvrit symboliquement la nation. Les flammes n’ont pas seulement consumé des murs, elles ont aussi brûlé un pan de notre héritage commun. Et faute d’action, d’autres lieux historiques sont aujourd’hui exposés aux mêmes menaces – les mêmes causes produisant les mêmes effets.
En mai 2024, un autre incident illustre cette négligence persistante : le vol de deux couleuvrines du Musée d’Artillerie de la Citadelle Laferrière. L’ISPAN avait bien publié un communiqué le 1er juin, annonçant une enquête interne et le signalement international des pièces via INTERPOL et l’UNESCO. Mais plus d’un an plus tard, aucun résultat tangible, aucune restitution, aucune mise à jour n’a été communiquée. Le mystère reste entier.
Pendant ce temps, les sites historiques d’Haïti demeurent exposés aux incendies, aux pillages… et à l’indifférence.
Belly-Dave Bélizaire
Vant Bèf Info (VBI)
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