Jean Morose Viliena, ancien maire de la commune des Irois, dans le sud-ouest d’Haïti, vient d’être condamné à neuf ans de prison par un tribunal fédéral à Boston, a indiqué un communiqué de presse publié ce vendredi 20 juin par le département de la Justice américaine, consulté par TripFoumi Enfo. Âgé de 53 ans, il vivait aux États-Unis depuis 15 ans, où il s’était installé grâce à une carte de résidence permanente obtenue frauduleusement.
Selon les autorités américaines, Viliena a menti dans sa demande de visa en 2008, déclarant n’avoir jamais été impliqué dans des exécutions politiques ou des actes de violence contre le peuple haïtien. Ce mensonge lui a permis de franchir les frontières américaines, puis de bâtir une nouvelle vie sous une fausse image.
Mais son passé l’a rattrapé. En mars dernier, un jury l’a reconnu coupable de trois chefs d’accusation de fraude aux visas. Les documents judiciaires révèlent un lourd passé de répression politique en Haïti, durant son mandat de maire entre décembre 2006 et février 2010.
Viliena aurait été soutenu par « Korega », un appareil politique accusé d’utiliser la violence armée pour asseoir son autorité dans la région. En 2007, il aurait mené une attaque contre le domicile d’un militant qui s’opposait à lui. Son frère cadet a été abattu, son crâne fracassé en public, selon les témoignages livrés au procès.
L’année suivante, en 2008, Viliena aurait dirigé un groupe d’hommes armés pour fermer une station de radio qui critiquait sa gestion. L’attaque avait fait deux blessés graves, et tout le matériel avait été confisqué.
« Viliena a construit sa vie aux États-Unis en cachant la vérité sur son passé violent, un passé marqué par la persécution politique, les effusions de sang et la censure de l’opposition en Haïti », a déclaré la procureure fédérale Leah Foley dans un communiqué relayé par le ministère de la Justice.