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Nouvelle mobilisation contre l’insécurité à Port-au-Prince, la police se mobilise aussi

Une vaste mobilisation populaire est annoncée pour ce mercredi 17 avril 2025 à Port-au-Prince. Des habitants de plusieurs quartiers de la capitale – notamment Canapé-Vert, Bourdon, Carrefour-Feuille, Pétion-Ville, Turgeau et Débussy – s’apprêtent à fouler le macadam pour dénoncer l’insécurité croissante et l’inaction persistante du gouvernement de transition.

Le point de départ de la marche est prévu à Canapé-Vert. Comme lors des précédentes mobilisations, les manifestants comptent emprunter la route de Bourdon, en direction de la Primature et de la Villa d’Accueil, deux lieux symboliques du pouvoir.

Une répression systématique et violente de la part des policiers

Les deux précédentes manifestations, organisées pour exiger la sécurité et dénoncer l’inaction du gouvernement face à la montée en puissance des gangs armés, avaient été marquées par une répression policière particulièrement violente. Chaque fois, les forces de l’ordre ont déployé une grande présence autour des zones sensibles, notamment à Bourdon, où siègent des institutions majeures telles que la Primature.

Cependant, au lieu d’assurer la sécurité des manifestants, les policiers ont fait un usage excessif de gaz lacrymogène pour disperser la foule. Cette tactique a causé des scènes de panique parmi les participants, certains étant contraints de fuir ou de se réfugier dans les ruelles pour échapper aux gaz. Le recours abusif à ces moyens de contrôle de foule a exacerbé la frustration des manifestants et leur a donné l’impression que le gouvernement choisissait de protéger l’ordre établi plutôt que de répondre aux revendications populaires.

Etzer Jean, l’un des porte-voix du mouvement, cité par Radio Télé Métronome, qualifie la mobilisation de ce mercredi de « troisième lettre de blâme » adressée au pouvoir en place. Il met en garde les acteurs politiques qui chercheraient à saper la mobilisation : « Se pèp la k ap leve vwa li. Si nou pa tande l, sa ka pi mal. »

Cette nouvelle manifestation survient dans un contexte particulièrement tendu. En effet, face à la menace croissante des gangs armés qui cherchent à prendre le pouvoir par la force, le pays s’enfonce davantage dans l’instabilité. Les groupes criminels étendent leur influence sur diverses régions, menaçant non seulement la sécurité publique, mais aussi la souveraineté de l’État haïtien.

Dans ce cadre, la sécurité publique devient une priorité pour les autorités. Dans une note officielle datée du mardi 15 avril, le directeur général de la Police nationale d’Haïti, Rameau Normil, a ordonné la convocation de tous les policiers jusqu’à nouvel ordre. Cette mesure vise à renforcer la présence policière face à cette double menace : maintenir l’ordre lors des manifestations populaires et lutter contre les gangs armés qui déstabilisent le pays.

Chaque fois qu’une manifestation est annoncée, la réactivité policière est immédiate et de grande ampleur, ce qui soulève de nouvelles questions quant à l’efficacité des interventions de la police pour contrer les groupes criminels, qui semblent de plus en plus incontrôlables. La mobilisation des forces de l’ordre à chaque protestation semble mettre en lumière la priorité donnée à l’ordre dans les rues face aux manifestants, tandis que les gangs continuent d’imposer leur loi dans diverses zones du pays, créant un sentiment de double inégalité dans le traitement de la sécurité publique.

Alors que l’insécurité continue de déstabiliser le pays, cette nouvelle mobilisation pourrait bien marquer un tournant. Mais restera-t-elle, comme tant d’autres, une simple journée de protestation étouffée sous les gaz lacrymogènes ?
Les autorités finiront-elles par entendre enfin le cri d’un peuple à bout ? Et la police, une fois encore très présente, mobilisera-t-elle autant de moyens pour contenir la foule que ceux qu’elle refuse toujours de déployer contre les gangs qui terrorisent le pays ?

Autant de questions qui, ce mercredi, trouveront peut-être leurs premiers éléments de réponse… dans la rue.

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