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En célébrant, ce dimanche, sa fête patronale dédiée à Saint Pierre, la commune de Pétion-Ville marque également ses 194 ans d’existence. Fondée en 1831 par le président Jean-Pierre Boyer et baptisée en l’honneur d’Alexandre Pétion, elle s’impose aujourd’hui comme le centre névralgique d’un pays dont la capitale officielle, Port-au-Prince, est largement hors de contrôle.
Pétion-Ville, le 29 juin 2025 – Alors que les violences armées paralysent plus de 80 % de la zone métropolitaine, Pétion-Ville reste l’un des rares bastions de relative stabilité. La fête de Saint Pierre, célébrée avec une neuvaine et une messe solennelle à l’église Saint-Pierre, a rassemblé fidèles, commerçants et autorités locales, dont le Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé.
Mais cette célébration religieuse, ancrée depuis près de deux siècles, prend un relief particulier cette année : elle survit dans un contexte de crise multidimensionnelle. La commune est désormais le refuge de milliers de déplacés internes, de services publics délocalisés, d’établissements scolaires et de nombreuses entreprises privées contraintes de fuir Port-au-Prince.
Une commune sous pression
Face à cet afflux, Pétion-Ville est sous tension. Le marché locatif explose, les écoles privées peinent à absorber la nouvelle demande, et les axes routiers sont saturés. Des institutions stratégiques de l’État, comme la Direction générale des impôts (DGI), plusieurs ministères et tribunaux, opèrent désormais depuis la commune. Les banques, les compagnies d’assurance, les médias et les opérateurs de télécommunications y concentrent aussi leurs activités.
Mais cette concentration démographique et économique a ses revers. L’accumulation de déchets dans les rues devient alarmante. À proximité du marché Colonie, les montagnes d’ordures atteignent des hauteurs inquiétantes, posant un risque sanitaire majeur dans une zone où circulent quotidiennement des centaines de personnes.
Une mairie dépassée
Malgré l’ampleur des défis, la mairie semble incapable de répondre. Aucun plan visible de gestion des déchets n’a été mis en œuvre, même à l’approche des festivités. « La commune étouffe sous les déchets, mais rien n’a été fait pour nettoyer avant la fête patronale », déplore un riverain.
Sur plusieurs artères principales, notamment autour des marchés, l’absence d’opérations de nettoyage reflète un manque de volonté ou de moyens, dans une commune désormais au cœur de la vie nationale.
Une capitale de fait
En dépit de ces difficultés, Pétion-Ville reste fonctionnelle. On y travaille, on y vit, on y prie. Elle est aujourd’hui devenue, par la force des choses, la nouvelle capitale administrative et économique d’un pays où Port-au-Prince, gangrénée par la violence, n’assure plus son rôle.
À l’heure où Haïti traverse l’une des plus graves crises de son histoire, Pétion-Ville, entre lumière et désordre, illustre à la fois la résilience et les limites d’un pays en quête d’ancrage.
Belly-Dave Bélizaire
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