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Peut-on violer un homme ?

Vant Bèf Info (VBI). Vant Bèf Info (VBI) – vien de publier cet article

On l’appelait Hercule. Pas seulement pour ses muscles, mais pour cette posture de demi-dieu moderne, cet aplomb, cette façon de dominer l’espace sans dire un mot. À 27 ans, il avait le genre de beauté qui vous arrête en pleine phrase. Un regard à vous renverser la logique, un corps sculpté dans le péché, un sourire qui ouvre des jambes comme des cœurs. Et il le savait. Il en jouait. Il en vivait.

Photo illustrant la victime — générée par intelligence artificielle. (Représentation fictive)

Non, ce n’était pas un gigolo. C’était plus subtil. Plus noble, presque. Il ne demandait rien. Il acceptait tout. Voitures, vêtements griffés, billets pour Dubaï, montres de luxe, enveloppes discrètes. Il couchait sans le dire, vendait sans vendre. Il se prostituait proprement, avec élégance, avec stratégie. Il appelait ça : « les faveurs de la vie ».

Et puis, il y a eu elle. 63 ans. Peau tirée, fesses refaites, parfum Chanel, deux mariages, trois divorces, et une fortune inavouable. Elle aurait pu être sa mère. Elle a préféré être sa cliente. Non : sa propriétaire.

Elle voulait l’amour. Pas l’amour romantique — l’amour comme on achète un objet rare : pour le posséder, l’exhiber, le dévorer. Et lui, en bon élève du jeu, a tout accepté. Il n’a jamais rien promis. Sauf peut-être un regard complice en public. Sauf peut-être une caresse en cachette. Mais ce soir-là, elle a décidé qu’elle ne paierait plus pour une illusion.

Elle l’a drogué. Un petit mélange de Viagra, de GHB, et d’un vin hors de prix. Elle l’a couché, a allumé la caméra. Et elle a « repris son dû ».

Quand il s’est réveillé, nu, filmé, vidé de lui-même, il n’a pas crié.
Il a vomi. Puis il a pleuré. Mais les hommes ne pleurent pas, n’est-ce pas ? Pas pour un viol. Pas pour du sexe « gratuit ». Un homme, ça bande. Un homme, ça veut. Un homme, ça ne peut pas dire non. C’est ce qu’on dit. C’est ce qu’elle lui a dit.

Elle lui a envoyé la vidéo. Un message simple : « Tu es à moi maintenant. » Et il s’est senti devenir chose. Marchandise. Propriété.

Il a pensé à sa mère, morte trop tôt. À son père, qu’il n’a jamais connu.
À tous ces hommes qu’il a vus rire de femmes violées, à toutes ces blagues qu’il a faites lui-même.
Et soudain, il s’est demandé :
Peut-on violer un homme ? Est-ce que le viol, c’est seulement quand on saigne ? Quand on crie ? Quand on est une femme ? Et lui, que vaut-il maintenant ? Quel est le prix d’un homme cassé ? Est-ce qu’un homme doit avoir un prix ?

Il est sorti de sa chambre, nu comme un ver. Comme un nouveau-né. Ou comme un fou. On l’a vu marcher dans les rues de Port-au-Prince, la tête haute et les yeux perdus. On l’a filmé, moqué, évité. On l’appelle « le fou aux abdos », « le beau devenu zinzin ».

Mais peu savent. Peu comprennent. Il a été violé. Pas par un homme dans une ruelle sombre. Mais par une main douce, une voix soyeuse, un sourire maternel.

Peut-on violer un homme ? Et si on répond non, alors que devient-il, lui ? Est-ce juste un fou de plus ? Une statistique dans la nuit haïtienne ? Ou un miroir qu’on refuse de regarder en face ?

Ce texte est une fiction. Mais il s’inspire de silences. De blessures invisibles. De vérités que personne n’ose raconter.

Il est temps de parler. Il est temps d’écouter. Il est temps de briser le tabou. Et vous… Pensez-vous qu’on peut violer un homme ?

Deslande Aristilde
Vant Bèf Info (VBI)

Tabou | VBI

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