Plus de 40.000 personnes ont été contraintes de fuir leur domicile dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince entre le 14 février et le 5 mars, selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM). Il s’agit du plus grand nombre de déplacés enregistré sur une période aussi courte depuis 2021.
La situation humanitaire se détériore rapidement. Le porte-parole du secrétaire général de l’ONU, Stéphane Dujarric, a expliqué, jeudi 13 mars, que les opérations de secours sont entravées par l’insécurité grandissante provoquée par les gangs armés ainsi que par le manque de ressources disponibles.
Le Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA) a également alerté sur l’absence de financements, qui aggrave les conditions dans les camps de déplacés. Une mission inter-agences menée par l’OCHA dans l’un des plus grands centres de déplacement a révélé que certaines familles ont dû fuir à plusieurs reprises — trois, voire quatre fois —, accentuant ainsi leur vulnérabilité.
Le danger est omniprésent. Dujarric a précisé que plusieurs camps sont situés à proximité de zones de combats. La semaine dernière, des balles perdues ont traversé un camp, tuant une personne et blessant plusieurs autres.
Le plan humanitaire de 908 millions de dollars prévu pour 2024 reste cruellement sous-financé : seulement 46,5 millions de dollars ont été collectés, soit à peine 5 % du montant nécessaire.
Pendant ce temps, la violence des gangs ne faiblit pas. L’ONU rapporte qu’au moins 5 626 personnes ont été tuées en Haïti depuis le début de l’année, tandis que 2 213 ont été blessées et 1 494 enlevées.
Comme pour aggraver la crise, des bandes armées ont attaqué, ces dernières heures, les locaux de la Radio Télévision Caraïbes (RTVC) à Port-au-Prince, selon la chaîne. La RTVC avait déjà dû abandonner ses locaux il y a un an pour poursuivre ses activités.
Alors que les camps débordent, que les balles perdues transpercent les tentes et que les appels à l’aide restent sans réponse, Port-au-Prince s’enfonce dans le chaos. Haïti étouffe, et l’urgence n’a jamais été aussi brûlante.