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Environ 800 jeunes enseignants ayant accompli un stage dans des salles de classe à partir de mai 2023 attendent depuis mai 2024 ( un an après leur mobilisation) selon les protocoles établis, leur lettre de nomination dans le plus grand désarroi. Ils ont été engagés pour participer à l’époque à la compensation des apprentissages (rattrapage) organisée par le MENFP et pour rejoindre les cohortes d’enseignants pour les nouvelles matières de l’école fondamentale et du Nouveau Secondaire. Pourtant, il y a moins d’un mois, l’actuel ministre de l’Éducation Nationale et de la Formation Professionnelle (MENFP), Augustin Antoine, a lui-même reconnu que l’école haïtienne souffre d’un déficit criant d’enseignants qualifiés, allant jusqu’à constater la faillite de l’école haïtienne.

Quatre ans après la mort de l’étudiant normalien Grégory Saint-Hilaire, abattu dans l’enceinte de l’École normale supérieure (ENS) tandis qu’il demandait au MENFP de respecter ses engagements envers les diplômés, c’est le jeune Zamy Wanderson, bachelier du Collège Canado-Haïtien, qui a été tué le 18 août 2025, parce qu’il se trouvait au mauvais endroit lors d’une manifestation de ces enseignants-stagiaires sous contrat avec le MENFP. Ces derniers réclamaient leur intégration tout en dénonçant le favoritisme et la politisation des recrutements pourtant en cours.
En effet, en 2013, le ministre de l’Éducation nationale d’alors, Vanneur Pierre, signait un protocole avec l’Ecole Normale Supérieure (ENS) : les étudiants sortants devaient être nommés en stage, puis titularisés. Un an plus tard, en 2014, son successeur Nesmy Manigat allait plus loin. Par un arrêté présidentiel publié dans le journal officiel Le Moniteur, à travers ses “12 mesures” et d’autres dispositifs, il étendait cette priorité aux écoles publiques de formation de maîtres, incluant plus récemment des Universités Publiques Régionales ainsi que des facultés de l’Université d’Etat d’Haïti enseignant des filières en lien avec les nouvelles matières obligatoires introduites ou renforcées : créole, citoyenneté, économie, arts etc… Ainsi parmi ces enseignants-stagiaires, on retrouve le Centre de formation pour l’Ecole (CFEF), l’ ENARTS, la Faculté de linguistique appliquée (FLA), l’École Nationale de Geologie Appliquée (ENGA), la Faculté de Droit et des Sciences Economiques de l’UEH (FDSE) etc….
Pourtant, cette promesse reste inachevée, contrairement au contrat signé avec le MENFP et à la dixième des douze mesures stipulant explicitement: “Après une année de stage, les diplômés des Écoles normales supérieures (ENS), Écoles normales d’instituteurs (ENI), des centres de Formation initiale accélérée (FIA), du Centre de formation pour l’école fondamentale (CFEF) et des institutions spécialisées en sciences de l’éducation ont la priorité lors de tout nouveau recrutement d’enseignants”. Certes, cinq promotions de l’ENS et quelques cohortes de certaines des entités précitées ont été nommées depuis 2015 grâce à ces décisions, mais cette récente cohorte attend toujours, pendant que parallèlement d’autres profils sont en train d’être recrutés, dénoncent ces stagiaires . Pire, aucune nouvelle cohorte d’enseignants stagiaires n’a été mobilisée depuis 2023. Parmi eux, des jeunes qui, faute de perspectives, se découragent, émigrent ou abandonnent leur vocation.
Pendant ce temps, les salles de classe restent vides de professeurs compétents dans un ministère qui annonce pourtant une réforme qui se veut ambitieuse. Les élèves accumulent des retards, et le pays perd peu à peu sa capacité de former une génération capable d’assurer son avenir. Chaque génération rêve d’une école qui ouvre les portes de l’avenir, qui prépare des citoyens capables de relever les défis de leur pays. Mais en Haïti, trop souvent, l’école se transforme en champ de bataille, en lieu de deuil constate amèrement Dominique Mondestin porte-parole des enseignants-stagiaires qui dénonce la mauvaise foi et le favoritisme du MENFP.
Grégory Saint-Hilaire, Zamy Wanderson ont été tout simplement sacrifiés par un État qui prétend former et protéger sa jeunesse.
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