La nomination de Lornick Léandre, rendue publique le 12 mars, au poste de ministre conseiller à l’ambassade d’Haïti aux Bahamas, a suscité de nombreuses réactions, notamment en raison de son implication présumée dans une affaire de corruption liée à la Banque Nationale de Crédit (BNC). Cette décision soulève des interrogations sur la fragilité de la lutte contre la corruption en Haïti, l’impunité et de possibles abus de fonction.
Lornick Léandre a été cité dans un rapport de l’Unité de lutte contre la corruption (ULCC), publié le 2 octobre 2024, qui détaille son rôle présumé dans une tentative de versement de pots-de-vin. Selon ce rapport, il aurait participé à des négociations visant à garantir le maintien de Pascal Raoul Pierre-Louis à la tête de la BNC en échange d’une somme de 100 millions de gourdes.
Ces accusations ont conduit le juge d’instruction Félismé Benjamin à émettre, le 24 décembre 2024, des mandats d’amener contre Lornick Léandre et Pascal Pierre-Louis pour détournement de fonds et abus de confiance. Cependant, les deux individus ne se sont pas présentés à la justice et n’ont pas été interpellés, malgré ces mandats.
Une nomination qui suscite des interrogations
La désignation de Lornick Léandre comme ministre conseiller à l’ambassade d’Haïti aux Bahamas, un poste diplomatique stratégique, intervient dans un contexte où la lutte contre la corruption est un enjeu majeur pour Haïti. Ce type de nomination est généralement soumis à l’appréciation des autorités compétentes, qui prennent en compte des critères liés aux compétences, à l’expérience et à l’intégrité des candidats.
Toutefois, la présence d’accusations judiciaires non résolues contre lui soulève des questions sur les critères ayant conduit à cette nomination. Elle met également en lumière la complexité des relations entre le pouvoir politique et la justice en Haïti.
Les enjeux diplomatiques et institutionnels
D’un point de vue diplomatique, la présence de Lornick Léandre au sein de l’ambassade d’Haïti aux Bahamas pourrait avoir des répercussions sur les relations entre les deux pays. Les postes de ministre conseiller sont souvent réservés à des personnes chargées de renforcer la coopération bilatérale et de représenter les intérêts haïtiens auprès des autorités étrangères.
Par ailleurs, cette nomination soulève un débat plus large sur la nécessité d’instaurer des mécanismes de vérification rigoureux pour les nominations aux postes de responsabilité, en particulier ceux qui impliquent une représentation internationale du pays.
Alors que cette nomination continue de susciter des réactions, elle met aussi en lumière des défis persistants en matière de transparence et de gouvernance en Haïti. L’instauration de critères plus stricts pour les nominations officielles, ainsi qu’un renforcement de l’indépendance du système judiciaire, pourraient contribuer à restaurer la confiance du public envers les institutions de l’État.
