Port-au-Prince, 18 juin 2025 — Ce mercredi, le Centre d’Intervention pour la Justice et les Droits Humains en Haïti (CIJHA) a marqué la clôture d’une semaine de mobilisation intense par une journée de sensibilisation contre la traite des enfants, rassemblant plusieurs centaines d’enfants et leurs parents dans une ambiance mêlant plaidoyer, divertissement et expression libre.
Un moment de répit dans un contexte hostile
Dans un pays ravagé par l’insécurité, la pauvreté et l’exclusion, cette journée s’est imposée comme une parenthèse d’espoir. Jeux, animations, dessins, chants et discussions ont permis aux enfants, souvent laissés pour compte, d’exister pleinement, l’espace d’un jour. Leurs rires ont momentanément couvert le vacarme de la peur et de la négligence quotidienne.
Une parole libérée, des douleurs partagées
Point culminant de l’événement : la prise de parole des enfants eux-mêmes, courageusement montés sur scène pour exprimer leurs douleurs, leurs attentes et leur colère face à un système qui les abandonne. Certains ont dénoncé la négligence des autorités, l’absence de protection réelle et l’hypocrisie des discours officiels.
« Nous voulons des écoles, pas des armes. Nous voulons des lois appliquées, pas des conférences », a lancé un père de famille, acclamé par les participants.
Des parents, émus, ont eux aussi pris la parole pour relayer un ras-le-bol généralisé face à la précarité, au manque d’accès à l’éducation, et à l’instrumentalisation politique des enfants.
Une parole engagée pour briser le silence
Les membres fondateurs du CIJHA — Cleanta Alcéus, Étienne Lubin, Kenold Langlois, Barthélémy Pierre, Dory Gaëtan Louis et Dave Weitzor Solitaire — ont tous pris la parole pour rappeler l’ampleur de la traite des mineurs en Haïti. Ils ont mis en lumière les effets dévastateurs de ces pratiques sur la santé mentale, la dignité et l’avenir des enfants victimes.
« Un enfant réduit au silence aujourd’hui devient un adulte brisé demain », a martelé Cleanta Alcéus, appelant les autorités à des mesures concrètes, loin des déclarations d’intention creuses.
Un combat loin d’être terminé
Par cette initiative, le CIJHA poursuit son combat pour les plus vulnérables, en cherchant à réveiller la conscience citoyenne autour de cette problématique souvent ignorée. La traite et l’exploitation des enfants ne sont pas des faits isolés : elles s’inscrivent dans une réalité sociale profondément inégalitaire et souvent tolérée par le silence institutionnel.
Alors que cette semaine d’action s’achève, une vérité fondamentale s’impose :
la voix des enfants s’est fait entendre. Reste à savoir si elle sera enfin écoutée.