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Par Wandy CHARLES
Dans le paysage musical haïtien, Joseph « T-Jo » Zenny Jr. est un artiste à part. Né à Jacmel en 1977, il s’est imposé comme chanteur et leader du groupe Kreyòl La, mais sa notoriété dépasse aujourd’hui la scène musicale. Sur les réseaux sociaux, il est devenu presqu’un phénomène, non pas en s’appuyant sur la provocation ou la vulgarité, mais sur un mélange de simplicité, d’humour, d’amour filial et d’humanité. Résultat : il est aujourd’hui considéré comme « le chouchou des réseaux ».
Chez T-Jo, tout commence par sa mère. En mai 2019, un magazine local avait consacré une entrevue spéciale “Fête des mères” à l’artiste et à sa maman, révélant une relation d’une rare authenticité. On y découvrait un fils reconnaissant, plein de respect, mais aussi d’humour envers celle qui l’a toujours soutenu. « J’adore cette entrevue… c’est là que j’ai commencé à adorer notre T-Jo », confie une fan émue.
Élevé dans une famille attachée aux valeurs d’éducation, il a repris ses études supérieures plusieurs années après avoir lancé Kreyòl La, obtenant finalement un diplôme en gestion, en grande partie grâce à l’insistance de ses parents. Cette persévérance, encouragée notamment par sa mère, a forgé en lui un sens profond des responsabilités.
Une « famille » élargie : l’humanité au quotidien
L’autre singularité de T-Jo, c’est la manière dont il place son entourage au cœur de sa vie publique. Ses dames de ménage, qu’il filme dans des vidéos pleines d’humour, ne sont pas effacées de la maison. Elles apparaissent comme faisant partie intégrante de sa famille tant ces deux dames sont présentes dans ses publications.
Son intendant, Ti Fritz, est devenu malgré lui une figure suivie et aimée par les fans, grâce à l’exposition que lui donne l’artiste. « En partageant ces moments de complicité avec ses employés, T-Jo fait passer un message fort et intéressant : le respect et l’égalité dans les rapports humains, au-delà des statuts sociaux », commente un jeune homme en dessous d’une publication de l’artiste sur son compte Instagram.
T-Jo : le père complice et joueur
En parallèle, T-Jo Zenny assume pleinement son rôle de père de deux garçons. Mais loin de jouer la carte du patriarche sévère, il préfère celle du camarade complice. Sur les réseaux, on le voit les accompagner dans leurs rêves : football, musique, études universitaires… Ses vidéos, souvent hilarantes, montrent un papa qui s’amuse autant que ses fils.
Lors des 18 ans de Kreyòl La en décembre 2023, il est même allé jusqu’à inviter sa famille et ses proches employés sur scène, une scène rare et émouvante où l’un de ses fils a pris le micro pour taquiner son père sous les applaudissements du public. Il peut s’agir de Showbiz certes, mais vaut mieux proposer et montrer cela aux jeunes et aux utilisateurs des plateformes numériques en lieu et place des scènes souvent grivois et maculées d’obscénité et même de violence.
Cette conception élargie de la paternité se reflète aussi dans son engagement social. Depuis 2008, T-Jo parraine la scolarité d’enfants en Haïti : « J’ai commencé avec très peu d’enfants, maintenant j’en ai plusieurs », confiait-il récemment.
Et en 2023, il a lancé son propre label Apache World Music (AWM) pour encadrer et promouvoir de jeunes talents haïtiens. Être père, pour lui, c’est aussi guider toute une génération.
Un artiste sans vulgarité
Là où T-Jo Zenny se distingue vraiment de certains de ses pairs, c’est dans son rapport à la célébrité. À l’heure où de nombreux artistes misent sur la provocation, les paroles grivoises ou les obscénités pour attirer l’attention, lui a choisi une autre voie. T-Jo est considéré comme quelqu’un de respectueux incarnant une figure publique qui inspire l’admiration. Ses chansons, même quand elles flirtent avec la sensualité très présente dans le compas, n’ont jamais sombré dans la vulgarité.
C’est l’une des raisons pour lesquelles il est tant apprécié. Le chef de file des Apach a prouvé qu’on pouvait être l’un des chanteurs les plus populaires de sa génération sans tomber dans le piège de la parole et la grossière, grivoise.
Souriant, courtois, relativement accessible, T-Jo cultive une relation très proche avec ses fans. Les « Apaches », comme ils se surnomment, ne manquent jamais de saluer sa disponibilité et son respect dans les interactions. Sur scène comme en ligne, il entretient une atmosphère chaleureuse et positive, ponctuée d’humour bon enfant. « Moi je suis toujours content, je n’aime pas voir les gens tristes », a-t-il déclaré lors d’une interview. Cet engagement à rester digne, dans une industrie où la surenchère choque souvent, fait de lui un modèle apprécié par des générations variées.
Un homme avec ses failles
Bien sûr, T-Jo n’est pas parfait. Il a commis des erreurs, essuyé des critiques, et certains vont même jusqu’à dire qu’il n’est pas un grand chanteur au sens strict. Mais là n’est pas l’essentiel : ce qu’il propose, ce qu’il vend au public, c’est son humanité, son charisme et sa détermination. On dirait que ses manquements sont souvent vite oubliés ou pardonnés, tant son image reste associée au respect, à la joie et à la simplicité.
T-Jo Zenny s’est imposé comme « le chouchou des réseaux ». Un artiste qui, sans excès ni vulgarité crue, a su bâtir une communauté fidèle, reconnaissante et admirative. Dans un paysage culturel souvent marqué par la provocation, il incarne une autre voie : humour, respect et humanité.
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