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Depuis plusieurs jours, les communes de Delmas et de Pétion-Ville sont le théâtre d’embouteillages monstres qui paralysent la circulation automobile dans la région métropolitaine de Port-au-Prince. À toute heure de la journée, en particulier le matin et en fin d’après-midi, de longues files de véhicules s’étendent à perte de vue sur les principales artères, telles que la route de Delmas, Bourdon, Pétion-Ville et la route de Frères.
Port-au-Prince, le 19 mai 2025- Le quotidien des automobilistes et des usagers vire au cauchemar. Les routes alternatives, souvent recommandées en cas de bouchons, sont également impraticables en raison de la présence croissante de gangs armés qui contrôlent une grande partie de l’aire métropolitaine. Ce climat d’insécurité restreint fortement les possibilités de déplacement.
En plus de l’insécurité, les infrastructures routières, en grande partie dégradées, ne sont pas à la hauteur de la demande. Les rues sont souvent étroites, mal entretenues et envahies par des marchands ambulants, ce qui réduit considérablement l’espace de circulation. L’exode croissant de familles vers la commune de Pétion-Ville, considérée comme relativement plus sécurisée, ne fait qu’accentuer la pression sur ces axes, surtout aux heures de pointe.
Témoignages d’un quotidien étouffant
Face à cette congestion permanente, les plaintes se multiplient. Junior, chauffeur de taxi-moto, raconte son calvaire et une sombre réalité. « Cela fait plus de trois heures que je suis bloqué ici. La file n’avance quasiment pas et je suis presque à court d’essence parfois. Cette situation est liée à l’insécurité, les gangs contrôlent de plus en plus de quartiers », se plaint-il.
Marjorie, mère de deux enfants résidant à Pèlerin, parle de son épuisement. « Je rentre très tard chaque soir. Ce sera difficile d’aider mes enfants avec leurs devoirs et ils sont vraiment fatigués en rentrant à la maison. Parfois, ils sont obligés de faire leurs travaux académiques dans la voiture. C’est devenu une routine stressante », explique la jeune dame.
Renald, chauffeur de tap-tap, s’indigne car à maintes reprises, il roule à peine un kilomètre en une heure. « Parfois, je coupe le moteur pendant plus de 15 minutes. Les passagers s’énervent, certains descendent avant leur arrêt. On perd tout : temps, argent, énergie », déplore t-il.
Alex, jeune étudiant, résume l’ampleur du problème. « Je me lève à 4 heures 30 pour espérer arriver à l’heure en cours, et je rentre chez moi vers 8 heures du soir. Ce n’est pas une vie normale. Et nous sommes des milliers d’élèves et d’étudiants dans cette situation», fustige l’aspirant économiste.
Malgré les appels répétés à une réhabilitation des routes, à une meilleure régulation du trafic et à une politique d’aménagement plus adaptée, aucune mesure concrète n’a encore été prise par les autorités. Pendant ce temps, les citoyens de Delmas, de Pétion-Ville et d’autres zones voisines continuent de subir les conséquences d’un système de transport urbain défaillant.
Entre perte de temps, fatigue chronique, insécurité constante et frustration collective, les embouteillages dans la capitale sont devenus le symbole d’un désordre plus large, auquel aucune solution durable n’a encore été apportée.
Mederson Alcindor
Vant Bèf Info (VBI)
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