Le Conseil supérieur du pouvoir judiciaire (CSPJ) a suspendu le juge Merlan Bélabre pour une durée de trois ans sans traitement, à l’issue d’une audience publique tenue le 20 mai 2025 par son tribunal disciplinaire. Cette sanction disciplinaire découle de deux plaintes graves relatives à des décisions jugées irrégulières, notamment l’octroi de libertés provisoires à des individus impliqués dans des crimes graves, en contradiction directe avec les articles 95 et 96 du Code d’instruction criminelle.
Parmi les cas les plus choquants figure celui de René Toussaint, directeur d’une institution scolaire à Delmas 60, poursuivi pour le viol d’une élève de 14 ans ayant conduit à une grossesse. Le juge Bélabre avait décidé de lui accorder la liberté provisoire, déclenchant un véritable tollé dans l’opinion publique. Cette décision a été perçue comme un symbole d’impunité et a intensifié les critiques sur l’intégrité et la rigueur de certaines décisions judiciaires.
Cette suspension survient après une première mesure disciplinaire en janvier 2025, où le juge avait été mis en disponibilité pour une durée de trois mois. Le CSPJ semble vouloir, à travers cette nouvelle décision, affirmer une volonté claire de restaurer l’éthique, la discipline et le respect strict des procédures au sein du système judiciaire haïtien.
Le juge Bélabre n’était pas une figure marginale : il avait été le quatrième juge instructeur désigné dans l’enquête hautement sensible sur l’assassinat du président Jovenel Moïse. Sa suspension met ainsi en lumière la complexité et les tensions internes d’un système judiciaire en quête de légitimité et de réformes profondes.